Arthur Thieffry: "J’étais comme un gamin à Noël quand l'Orée m'a contacté"
Arthur Thieffry vise les JO avec la France et les demi-finales de DH avec l’Orée.
- Publié le 19-09-2019 à 16h13
- Mis à jour le 19-09-2019 à 16h55
Arthur Thieffry vise les JO avec la France et les demi-finales de DH avec l’Orée. Tous les entraîneurs connaissent le chemin le plus direct vers le titre : travail et abnégation. Si chaque pion joue un rôle clef sur l’échiquier, deux pièces majeures sont capitales pour mettre l’adversaire échec et mat. Ils passent volontiers de héros à zéro d’un match à l’autre. Le sleeper et le gardien sont les cibles privilégiées des experts tous azimuts.
À ce petit jeu, l’Orée n’a pas à se plaindre. Le club de Woluwe Saint-Pierre a un tireur de pc performant et a mis entre les perches un Français formé au modeste club Luc Ronchin, près de Lille. Il y a 5 ans, Arthur Thieffry évoluait encore dans ce petit club de 300 membres qui jouait en division 2 française. Aujourd’hui, il est titulaire indiscutable d’un club belge qui joue les premières places au sein de l’élite et surtout il est le portier n° 1 de la France qui n’est qu’à 120 minutes d’une qualification olympique.
Après avoir découvert l’élite française avec Wattignies, Arthur Thieffry avait réalisé une première approche belge du côté de Gand qui vivait ses derniers moments en division 1. "Pascal Kina était intéressé par mon profil", se souvient celui qui n’a pas survécu à ses 10 premiers mois en Belgique. Durant l’été, celui qui avait pris du galon en équipe de France avait été retenu par la World League et la Coupe d’Europe B sans se rendre compte qu’un concurrent l’avait délogé à Gand. "Pascal Kina avait été honnête avec moi en m’indiquant qu’il avait dans ses rangs un autre gardien qui sera le titulaire n° 1", précise le Français en évoquant Santiago qui est toujours dans les buts gantois.
Homme plein de ressources, il a alors rebondi au club parisien de Saint-Germain où il s’est fait un nom définitivement lors de deux matchs en EHL contre Egara et Bloemendaal. "À la fin de la saison 2017-2018, j’ai reçu un appel de l’Orée. Je n’ai pas réfléchi. J’étais comme un gamin à Noël J’ai accepté immédiatement."
En parallèle, il a fait le choix du hockey professionnel à 100 % ce qui impliquait qu’il quitte son travail comme responsable de la qualité, de la sécurité et de l’environnement chez Eurotunnel. "Je suis payé pour jouer au hockey depuis que je suis à l’Orée. Avant, je recevais un défraiement."
Fin octobre, il jouera un double match à Valence contre l’Espagne avec un enjeu de taille : la qualification pour les JO de Tokyo. Avant de songer à cet Olympic Qualifier, Arthur Thieffry partage son temps entre Bruxelles et… Waterloo.
Sous les ordres du T2 des Bleus qui est aussi le T1 du Watducks, les Français ont élu domicile à la drève d’Argenteuil qui s’est transformée en centre d’excellence pour les expatriés de l’Hexagone. Habitant à Woluwé-Saint-Pierre, le portier de l’Orée sera dans les meilleures conditions pour mener la France vers Tokyo et l’Orée vers le dernier carré.
Dimanche passé, sa saison a démarré par un succès sur le terrain du champion de Belgique en titre. "L’équipe a peu changé. Nous avons une idée très précise de ce que nous voulons."
La Belgique, cet eldorado
Pour les Français, le hockey belge est un eldorado. La plupart des Bleus évoluent en Division d’Honneur afin de se frotter au top niveau. “En Belgique, le niveau des entraînements est nettement plus relevé. Tous les joueurs touchent en permanence la balle.”
La France, qui a engagé le Néerlandais Jeroen Delmee et le Montois Xavier De Greve, met les bouchées doubles pour combler le fossé. “Avec les Belges, nous nous charrions beaucoup. Vous avez gagné la Coupe du monde de hockey. Nous, nous avons pris celle en football. Avec un stick, les Belges sont les meilleurs du monde.”
Le chemin vers Tokyo passera par Valence les 25 et 26 octobre. L’entraîneur français de l’équipe espagnole, Frédéric Soyez, ne se réjouit certainement pas d’affronter son pays d’origine. “Personne ne voulait tomber sur la France, rajoute Arthur Thieffry. Tokyo constitue un véritable objectif. Si nous manquons le vol, nous le vivrons comme un échec. Nous serons prêts à mourir durant les 120 minutes. Nous sommes d’office qualifiés pour les Jeux de 2024 à Paris. Nous avons besoin de vivre Tokyo si nous voulons être médaillables chez nous.”
Ce Espagne – France s’annonce plus équilibré qu’il n’y paraît. “Les Espagnols sortent de beaux championnats d’Europe. Nous savions que nous devrions nous attaquer à un gros morceau. Nous serons concentrés sur nos qualités. À la Coupe du monde, nous avions signé un partage (1-1) en ratant un stroke.”
Une partie de l’équipe actuelle avait frappé un grand coup lors de la Coupe du monde U21 en Inde, en 2013 avec ce titre de vice-champion. Cette génération ‘93 est arrivée à maturité avec des gars comme Charlet, Lockwood, Genestet, Martin-Brisac… Pourtant, encore aujourd’hui, la fédération française ne fait pas le plein de membres. Avec 10 000 à 15 000 affiliés, elle souffre des longues distances entre les clubs. Pour les élites, l’argent ne constitue pas un problème. “Nous avons un beau planning d’entraînement avec de nombreux stages”, confirme le gardien de l’Orée.
“Nous vivons dans l’ombre”
La France espère que les Jeux de Tokyo joueront pour le hockey hexagonal le même rôle que ceux de Pékin pour la Belgique. “La visibilité médiatique amène les sponsors et donc l’argent.” Belges et Français ne jouent pas dans la même cour. Si les Bleus possèdent un large pays, ils doivent aussi faire face à une plus forte concurrence. “Nous avons déjà de nombreux sports collectifs très performants, ce qui nous relaie dans l’ombre. Seule une qualification pour les Jeux peut nous amener un peu de lumière.”